« Nous paysans » un documentaire inédit ce soir sur France 2

Du 23 février au 7 mars, France Télévisions ouvre ses antennes au monde rural. Coup d’envoi ce soir à 21:05 sur France 2 avec un documentaire exceptionnel et inédit baptisé « Nous paysans » auquel Guillaume Canet a prêté sa voix. Ce documentaire de Fabien Béziat et Agnès Poirier sera suivi à 22:40 d’un débat animé par Julian Bugier puis d’un numéro spécial du magazine d’Infrarouge à partir de 23:55.

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Capture France 2

À la fin du XIXe siècle, les paysans représentaient plus de 70 % de la population dans une France qui était encore pour l’essentiel une civilisation rurale et agricole, une mosaïque de traditions et de pratiques, de langues et de patois. Ils ne représentent plus aujourd’hui que 3 %.

Ce que les siècles avaient longuement façonné, un peu plus de cent années de guerres, de crises politiques, de bouleversements sociaux, culturels et technologiques l’ont transformé de façon parfois violente, faisant accéder les campagnes et les « agriculteurs » à la modernité, mais reléguant les « paysans » dans l’oubli. C’est tout l’enjeu de la somme documentaire de Fabien Béziat et Agnès Poirier : remettre en lumière ce monde qui est bien le nôtre – « plus des deux tiers d’entre nous ont un ancêtre paysan » – et, à travers des archives et des témoignages, le faire avec les mots des paysans eux-mêmes, de leur point de vue.

De 1900 à la Libération, les campagnes françaises – qui semblaient jusqu’alors vivre une vie immuable – sortent profondément meurtries et affaiblies de la première moitié du XXe siècle : saignées et dévastées par la Première Guerre mondiale (cinq millions de soldats, un million qui n’en reviendra pas) ; vidées de leurs bras par l’industrialisation des années 30, qui attire en ville ceux qui espèrent une vie meilleure ; éprouvées par la crise économique ; flattées mais pillées par le régime de Vichy. Le second demi-siècle sera celui de la reconstruction : tandis que les jeunes générations paysannes, emmenées par la Jeunesse agricole catholique, aspirent à s’émanciper d’un univers social obsolète et étouffant, il faut nourrir les Français et redonner au pays son autonomie alimentaire, donc intensifier la production. Après la motorisation des campagnes, ce sera la révolution agricole lancée en 1962 par le ministre de l’Agriculture Edgard Pisani, les remembrements à marche forcée, la Politique agricole commune de la Communauté européenne, l’arrivée du soja américain destiné à nourrir le bétail et celle des engrais bon marché, qui ouvrent la voie à une agriculture industrielle.

Les paysans ont été les premières victimes de leur succès : surproduction et endettement. Dès le milieu des années 70, la pilule est amère et le désenchantement gagne les campagnes. Il faudra pourtant aller plus loin encore avec la révolution de la chimie. De nouvelles céréales sélectionnées pour leurs rendements supérieurs, mais fragiles, nécessitent l’utilisation à outrance de produits chimiques, baptisés pudiquement « produits phytosanitaires » : fongicides, insecticides et enfin pesticides. Avec les conséquences que l’on connaît désormais : agriculteurs malades, sols exsangues, faune sauvage en voie d’extinction, modèle productiviste qui pousse à la ruine et au suicide.

À la fois mis en accusation et sommés de se convertir en gardiens de la terre, les paysans d’aujourd’hui et surtout de demain font face à de nouveaux défis : nourrir la population tout en inventant une agriculture plus soucieuse de l’environnement et en se préparant à affronter une crise climatique. Mais avec quels moyens ? Et, d’abord, avec quels moyens humains ? « Pour dix qui partent, il y en a deux qui s’installent. » Une population plus nombreuse mais des campagnes désertes et parfois à l’abandon, confrontées à un effondrement démographique vertigineux. Elle est sans doute là, la plus grande transformation sociale depuis l’invention de l’agriculture.

« Nous paysans » : le débat

La diffusion de Nous paysans sera suivie, à 22.40, d’un débat animé par Julian Bugier qu’entoureront : Michel Teyssedou, éleveur et maire de Parlan (Cantal) ; Christiane Lambert, présidente de la FNSEA ; Perrine Hervé-Gruyer, fondatrice de la ferme du Bec-Hellouin (maraîchage bio et permaculture) ; Émilie Jeannin, éleveuse et créatrice du boeufethique.com ; Valentin Werther, agriculteur (élevage laitier) en formation, et Sébastien Loriette, cultivateur grandes cultures dans les Ardennes.

Soirée continue ce soir sur le monde rural sur France 2 et france.tv.